Justine Pruvot
La cuisine de Justine Pruvot m’a tout de suite attirée par la générosité qu’elle dégage, ses couleurs et sa sensibilité. Il n’y a pas de doute que c’est une cuisine faite avec le coeur. Après quelques années en communication, Justine part à l’école Ferrandi à Paris pour se former. Aujourd’hui, Justine est cheffe, mais pas que. Inspirée par sa grand-mère, sa muse pour toujours, elle a aussi créé la marque d’objets pour la table et la cuisine, Touillet, où elle collabore avec des artisanes française et artistes de talents.
Quels univers qui t’inspirent ?
L’univers de ma grand-mère Lucette m’inspire depuis toujours. Sa cuisine, bien sûr, mais encore plus sa philosophie de vie. Son mantra : «rien ne se perd, tout se transforme — on n’a pas grand-chose, mais on est heureux».
Qu’as-tu appris à aimer chez toi avec le temps ?
Ma sensibilité. Longtemps perçue comme une fragilité, elle est devenue ma force, ma boussole créative, mon lien profond avec le monde.
qu'est-ce qui nourrit ta créativité ?
Je crois que c’est une forme assez naïve, c’est ce que je vois dans la vraie vie qui m’inspire, les romans, les expos. Pas trop les livres de cuisine bizarrement.
Mais aussi évidemment les produits plus particulièrement les légumes, la joie de retrouver les premiers petits pois après les mois d’hiver, ça déclenche chez moi une réaction immédiate l’envie de créer.
peux-tu nous donner un aperçu de ta façon de trouver ton style ou plutôt ton identité culinaire ?
Je sais pas si c’est vraiment un style que j’ai trouvé, je pense que c’est plutôt une façon de voir les choses, je vois une assiette comme un tableau blanc sur lesquels je viens à poser des couleurs, les couleurs des légumes, des textures. Mon style est assez brute et très lisible mais ça déclenche l’étonnement généralement parce que les goûts sont différents de ce que l’on attend lorsqu’on lit l’assiette.
Quelle est ta philosophie pour prendre soin de soi ?
Écouter ses besoins, respecter ses rythmes, et s’offrir des moments de douceur, même fugaces.
Être égoïste, parfois, ça marche bien.
Vers quels rituels te tournes-tu pour ton équilibre intérieur ?
Si je suis honnête : j’ai pas vraiment d’équilibre intérieur. Je suis souvent plus proche du mental breakdown que du mental de yogi.
Mais quand je me sens pas au top, je vais marcher sur la corniche et regarder la mer. Et là, tout s’apaise.
Qu’est-ce qui t’a attiré chez Maison Loüno ?
La sincérité de la démarche, l’harmonie entre esthétique et bien-être, et cette invitation à ralentir, à se reconnecter à soi à travers des rituels simples mais puissants.
Peux-tu nous raconter brièvement ton parcours ?
Depuis ma reconversion, mon chemin en cuisine a toujours été guidé par une quête de beauté et de sens. Après des études de communication et une carrière dans la publicité, j’ai décidé de me lancer dans l’apprentissage de la cuisine.
De belles rencontres m’ont permis de m’épanouir dans ce milieu parfois exigeant.
En 2021, je suis tombée amoureuse du terroir provençal — et plus particulièrement des légumes. Je me suis installée à Marseille, qui est devenue ma maison.
J’y ai cuisiné en tant que cheffe chez Mercato pendant plus d’un an. Aujourd’hui, je suis cheffe en liberté : indépendante, je cuisine pour des particuliers, des marques ou à l’occasion de résidences saisonnières.
Comment est née Touillet, ta marque d’objets pour la cuisine ?
C’est une envie de créer du beau en collaboration avec des artisanes et artistes de talent. Touillet, c’est un projet de cœur, celui qui réunit l’ensemble de mes passions : la cuisine, le design et les objets d’art de la table.
Quels moments de vie t’accompagnent encore aujourd’hui ?
Les journées en Picardie dans ma famille paternelle : chiner dans les brocantes du coin, ramasser les salades vertes de mon grand-père, jouer à la belote, nourrir les lapins du clapier, partir à la chasse aux morilles…
Ces souvenirs m’ont appris à observer, à ressentir, à créer avec le cœur.
Quelle œuvre d’art t’a fait ressentir quelque chose de fort ?
C’est plus un endroit qu’une œuvre : l’île japonaise de Naoshima, dédiée à l’art contemporain. Elle réunit en un même lieu l’art et la nature. Un endroit hors du temps.
Mon artiste favori : James Turrell. Ses installations, qui jouent avec la lumière et l’espace, sont totalement immersives.
De quelles manières te reconnectes-tu à toi ?
En me promenant dans la nature, en respirant profondément, en observant les détails : une feuille qui danse au vent, une fleur qui s’ouvre, une lumière changeante.
Ces moments simples me recentrent et nourrissent mon inspiration.
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Et sentir l’odeur de pizza
Que peut-on te souhaiter de manifester prochainement ?
Une belle saison estivale dans les lieux qui m’accueilleront pour cuisiner — et la création d’une table d’hôtes les pieds dans l’eau.
Un mantra qui t’accompagne en ce moment ?
« Lâche-toi la grappe. »
Quelle est la recette de ta délicieuse assiette photographiée ensemble ?
Alors, c’est simple comme bonjour :
100 g de petits pois écossés
2 navets boule trop mignons du début de printemps
1 agrume (pamplemousse ou orange – c’est la fin de la saison, faut se dépêcher)
1 ail frais
1 blanc de poireau
1 jus de citron jaune
1 càs de sucre non raffiné
Persil / estragon ou autres herbes que vous aimez
Huile d’olive
Sel
Poivre noir
Préparation
Blanchir les petits pois dans de l’eau bouillante salée. Ils doivent être juste cuits. Les plonger aussitôt dans de l’eau glacée pour qu’ils gardent leur couleur vert fluo.
Couper un navet en quartiers, l’autre à la mandoline très finement.
Émincer l’ail frais et le poireau en biseau.
Dans une poêle : faire revenir les quartiers de navet avec l’ail, le poireau, un peu d’eau, de l’huile d’olive, du sel et le sucre.
Couvrir avec un papier sulfurisé et cuire à l’étuvée. Quand la lame d’un couteau pénètre facilement dans le navet, c’est cuit. Réserver les légumes.
Assaisonner les copeaux de navet avec de l’huile d’olive, du citron et du sel.
Idem pour les petits pois et la salade d’herbes.
Dressage
poser les légumes étuvés, parsemer de petits pois, de navets crus, et terminer avec les herbes.